Un hydrogel injectable et dégradable pour réparer le cerveau

Résultats scientifiques Matériaux Vivant et santé

Comment combler la cavité lésionnelle créée dans le cerveau à la suite d'un accident vasculaire cérébral ? Les scientifiques de l'Institut de chimie radicalaire d'Aix-Marseille(CNRS/AMU), en collaboration avec des chercheurs de l'Institut des sciences du mouvement(CNRS/AMU) et de l'Institut de neurobiologie de la Méditerranée(Inserm / AMU), ont développé un matériaux biocompatible capable d'améliorer la récupération des séquelles d'un AVC. De plus, cet « hydrogel » a l'immense avantage de pouvoir être injecté sans chirurgie.

Parmi 130 000 victimes annuelles d’un accident vasculaire cérébral, 90 000 survivent mais un tiers de ces personnes souffrent de lourdes séquelles. En effet, un AVC laisse une cavité dans le cerveau ce qui induit des déficits moteurs et cognitifs. Ces déficits sont aujourd’hui palliés par des séances de kinésithérapie mais la récupération ne peut être complète. Dans ce contexte, l’Institut de chimie radicalaire, en collaboration avec des chercheurs de Luminy (Institut des sciences du mouvement et de l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée), a développé un matériau biocompatible capable de combler cette cavité lésionnelle cérébrale.

Contrairement à un implant conventionnel pour lequel une lourde chirurgie serait nécessaire, ce biomatériau liquide à température ambiante peut être directement injecté au niveau de la zone cérébrale touchée. Une fois injecté, le matériau change d’état pour devenir un gel sous l’effet de la température corporelle. Ce dernier va alors se dégrader au cours du temps pour libérer de manière contrôlée des agents thérapeutiques dans le but de promouvoir la récupération motrice et cognitive.

Cette méthode d’administration pourrait devenir un atout clinique majeur pour le traitement de diverses pathologies cérébrales, en combinaison avec des séances de kinésithérapie. En effet, l’injection de cet hydrogel permet de contourner la barrière hémato-encéphalique, qui sépare le système sanguin du cerveau et qui est connue pour limiter l’acheminement des agents thérapeutiques au cerveau. Dernier avantage de la méthode des scientifiques marseillais, l’injection réduit les quantités d’agents thérapeutiques et, de fait, diminue les risques d’effets secondaires.

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© Thomas Trimaille

Référence

Vincent Pertici, Caroline Pin-barre, Claudio Rivera, Christophe Pellegrino, Jeröme Laurin, Didier Gigmes &Thomas Trimaille
Degradable and injectable hydrogel for drug delivery in soft tissues
Bio Macromolécules 12 novembre 2018
DOI: 10.1021/acs.biomac.8b01242

Contact

Thomas Trimaille
Institut de chimie radicalaire
Didier Gigmes
Chercheur à l'Institut de chimie radicalaire (CNRS/Aix-Marseille Université)
Vincent Pertici
Institut de chimie radicalaire
Jérôme Laurin
Institut des sciences du mouvement
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Sophie Félix
Chargée de communication
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC