Quels ingrédients pour un supraconducteur à haute température de qualité ?

Résultats scientifiques

Les travaux théoriques et expérimentaux se multiplient pour améliorer la synthèse de supraconducteurs qui permettraient un transport électrique sans perte énergétique, une véritable révolution technologique ! Grâce à l'analyse théorique d'un grand nombre de supraconducteurs à base d'hydrogène, les scientifiques du Laboratoire de chimie théorique (CNRS/Sorbonne Université) montrent qu'un degré élevé de localisation électronique dans les interstices vides entre les atomes du matériau est essentiel pour obtenir cette propriété à température ambiante. Un premier pas vers la conception des nouveaux supraconducteurs à base d’hydrogène en vue d’applications.

Les supraconducteurs qui présentent une résistance électrique nulle ont permis des avancées technologiques essentielles comme la réalisation de champs magnétiques intenses utilisés en RMN ou en microscopie électronique, l’élaboration de réacteurs de fusion nucléaire, le transport par lévitation ou les ordinateurs quantiques de haute capacité. Les supraconducteurs doivent encore, hélas, être maintenus à basse température et/ou haute pression pour présenter ce phénomène.

Les récents travaux sur la supraconductivité à haute température ont montré le potentiel exceptionnel des composés riches en hydrogène. En effet, des systèmes comme H3S, YH9, YH6, et LaH10 atteignent des températures critiques bien supérieures à 200 K, à des pressions qui restent élevées (de l’ordre du mégabar), ce qui fait d’eux de bons candidats pour espérer atteindre un jour la supraconductivité à température ambiante, le saint Graal pour la communauté scientifique. Cependant, aucune règle ne permet aujourd’hui de prédire cette température en la reliant aux paramètres physicochimiques des matériaux.

Dans ce contexte, les scientifiques du Laboratoire de chimie théorique (CNRS/Sorbonne Université) viennent de pointer le rôle essentiel de la théorie pour orienter les chimistes vers la synthèse de composés stables ayant toutes les chances de présenter cette propriété à haute température. Ils ont ainsi identifié une grandeur pertinente appelée "valeur de réseau" liée à la capacité du matériau à présenter un degré élevé de localisation électronique dans les zones inoccupées, entre les atomes qui le constituent. La valeur de ce paramètre leur permet de prédire, avec une précision raisonnable, la température critique de ces supraconducteurs à base d'hydrogène encore difficile à prédire actuellement.

Publiés dans le Nature Communications, ces résultats vont permettre un criblage rapide des prédictions théoriques, mais aussi permettre de mieux comprendre l’influence des paramètres structuraux et électroniques sur la supraconductivité à haute température.

Rédacteur : CCdM

image contreras
Exemple de réseau de liaison et de valeur de réseau. © J. Contreras-García 

Référence

Francesco Belli, Trinidad Novoa, J. Contreras-García & Ion Errea
Strong correlation between electronic bonding network and critical temperature in hydrogen-based superconductors
Nature Communications 2021

https://www.nature.com/articles/s41467-021-25687-0

Contact

Julia Contreras-Garcia
Chercheuse au Laboratoire de chimie théorique
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC