L’Institut de chimie souhaite la bienvenue à Eric Jacobsen, ambassadeur CNRS des sciences chimiques

Entretiens

The CNRS Institute of Chemistry welcomes Eric N. Jacobsen as the Ambassador in Chemical Sciences

Le 21 février 2023*, Eric N. Jacobsen débutera une série de conférences dans plusieurs laboratoires français en tant qu'Ambassadeur CNRS des sciences chimiques. Professeur à l'Université de Harvard (Cambridge – Etats Unis), Dept. of Chemistry & Chemical Biology, Eric N. Jacobsen élabore de nouvelles réactions en catalyse asymétrique, et met  en œuvre de techniques mécanistes et informatiques de pointe appliquées à la compréhension des mécanismes impliqués dans ces réactions. Il nous explique sa recherche.

  • Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans le domaine de la catalyse asymétrique ?

J'ai toujours été inspiré par le fait que la chimie relie la science fondamentale à des résultats potentiellement utiles. Les chimistes sont parmi les rares scientifiques qui cherchent à comprendre la structure et la fonction de notre monde au niveau moléculaire, et notre capacité à le faire nous permet de créer des matériaux précieux qui pourraient difficilement être imaginés autrement. Au fur et à mesure que je progressais dans mes études, l'importance de la stéréochimie absolue dans les produits pharmaceutiques - c'est-à-dire si les molécules sont gauchers ou droitiers - m’est apparue de plus en plus clairement. Le domaine de la catalyse asymétrique, très jeune à l'époque, relève ce défi par la découverte de petites molécules capables de catalyser efficacement les réactions organiques tout en contrôlant la stéréochimie absolue des produits. Les défis intellectuels associés à la conception de tels catalyseurs et à l'élucidation de leur fonctionnement continuent de me fasciner à ce jour.

 

  • Selon vous, quel sera le développement le plus important dans votre domaine dans 5, 10 et 25 ans ?

Je prévois que les efforts pour automatiser la synthèse organique vont s’intensifier dans les périodes que vous mentionnez. La grande question est de savoir dans quelle mesure ces efforts seront couronnés de succès.

La façon dont les nouvelles molécules sont synthétisées aujourd'hui n'est pas si différente de la manière dont on pratiquait il y a 100 ans : les experts planifient une synthèse de leur molécule cible en fonction de leurs connaissances et de leur expérience des réactions connues, puis entrent dans le laboratoire et mélangent les produits chimiques pour tester la validité de leur projet. Cela peut marcher comme prévu, mais bien plus souvent, ça n'est pas le cas et une synthèse réussie finit généralement par nécessiter de multiples révisions du plan envisagé au départ, associées à un effort expérimental laborieux et compliqué.

Mais on pourrait imaginer un scénario totalement différent, où un non-expert taperait simplement la structure de la molécule souhaitée dans un ordinateur et la machine ferait le reste du travail, choisissant la route, exécutant toutes les étapes chimiques et effectuant les ultimes purifications et caractérisations. En réalité, cette situation existe déjà pour la synthèse de deux classes très importantes de molécules, les polypeptides et les polynucléotides. Mais étendre la synthèse automatisée au-delà de ces deux types de biopolymères se révèle extraordinairement difficile.

Le principal obstacle à la synthèse organique automatisée guidée par ordinateur est le manque de méthodes chimiques générales et hautement fiables. Ainsi, les développements les plus importants dans le domaine devront être la découverte de nouvelles réactions fiables et efficaces. J'ai hâte de voir jusqu'où l'interaction de la découverte de nouvelles réactions, de l'automatisation et de l'intelligence artificielle mènera le domaine de la chimie de synthèse au cours des 25 prochaines années.

 

  • En tant qu'ambassadeur CNRS des sciences chimiques*, qu'attendez-vous le plus de votre tournée de conférences ?

Je suis très honoré d'avoir été sélectionné pour jouer ce rôle d’ambassadeur, et impatient de mieux connaître le système universitaire français. Ce séjour dans plusieurs universités géographiquement localisées dans des régions très différentes, va me permettre de mieux apprécier la diversité des jeunes talents, forces vives de la très belle chimie organique française.

(*) En 2019, l'Institut de chimie du CNRS a initié le programme « Ambassadeurs des sciences chimiques en France ». Son ambition ? Permettre à de prestigieux chercheurs étrangers de visiter une série de laboratoires français actifs dans leur domaine. Ces visites comprennent non seulement des conférences de haut niveau par l'ambassadeur, mais sont également une occasion d'établir des contacts préliminaires et de favoriser des collaborations internationales pour les laboratoires français visités.

Rédacteur : CCdM

Calendrier des conférences

Date                                            Lieu                 Laboratoire d’accueil              Contact

21/02/2023                  Strasbourg      University of Strasbourg        Frederic Leroux

                                                              Laboratoire d’innovation moléculaire et applications

23/02/2023                   Paris                Sorbonne Université                    Louis Fernsterbank

                                                              Institut parisien de chimie Moléculaire

27/02/2023                   Rennes           Université de Rennes                   Marc Fourmigué

                                                              Institut des sciences chimiques de Rennes

01/03/2023                   Marseille         Aix-Marseille University          Jean Rodriguez

                                                              Institut des sciences moléculaires de Marseille

02/03/2023                    Montpellier      Pôle chimie Balard                      Eric Clot

                                                               Institut Charles Gerhardt

Contact

Eric Jacobsen
Professeur à l'Université de Harvard (Cambridge – Etats Unis)
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC