L’Institut de chimie du CNRS accueille Martina Stenzel en tant qu’Ambassadrice des sciences chimiques en France

Entretiens International

Le 27 novembre 2023, Martina Stenzel, professeure à l'École de chimie de l'Université de New South Wales à Sydney, débutera une série de conférences dans plusieurs laboratoires français en tant qu'ambassadrice CNRS des sciences chimiques. Spécialiste de chimie macromoléculaire, ses recherches portent sur la synthèse des (bio)polymères complexes et de nanoparticules enrobées de sucre pour l'administration de médicaments. Elle nous parlera des vaisseaux biomimétiques intelligents qu’elle développe dans son laboratoire Australien.

Des polymères aux architectures complexes à la vectorisation de molécules thérapeutiques, qu’est-ce qui vous a guidée vers ces thématiques de recherche ?

Les polymères m’ont toujours fascinée. Ces longues chaînes macromoléculaires constituées d'unités répétitives, les monomères, présentent une gamme de propriétés physico-chimiques et mécaniques très variées. Et si l’on combine deux ou trois blocs de monomères différents au sein d’une même chaîne, le comportement du matériau final est encore plus complexe. Aucun autre matériau n'offre une telle polyvalence ! J'ai donc choisi les polymères comme sujet de thèse durant laquelle j'ai développé des membranes pour la séparation des gaz. Ce n’est que lorsque j’ai démarré mon postdoc à l’Université de New South Wales que j’ai découvert l’utilisation des polymères pour des applications biologiques. L’écosystème de recherche australien favorisant les collaborations, j’ai été approchée dès le début de ma carrière universitaire par des ingénieurs biologistes qui avaient besoin de polymères. A cette époque, je me concentrais sur la synthèse de différentes architectures de polymères sans application spécifique en tête. Cette collaboration a été pour moi l'occasion de découvrir un tout nouveau monde à l'interface entre les polymères et la biologie. Les nanoparticules de polymères auto-assemblées pour la vectorisation de médicaments m'ont particulièrement intéressée. En effet, ces nanoparticules sont rapidement internalisées par les cellules cancéreuses et je suis toujours fascinée de voir comment on peut affiner leur activité biologique en jouant sur la structure polymère sous-jacente.

Quels résultats attendez-vous dans les 5 à 10 prochaines années pour les polymères utilisés en thérapeutique ?

La nanomédecine a connu un démarrage lent. Beaucoup d’argent a en effet été investi dans ce domaine de recherche au cours des 20 dernières années et seuls quelques produits ont vu le jour sur le marché. Pourtant, je crois que toutes ces recherches portent enfin leurs fruits et que nous verrons davantage de produits cliniques émerger sur le marché. Les vaccins contre le Covid sont un exemple récent: les nanoparticules utilisées pour délivrer l’ARNm sont disponibles depuis un certain temps puisque le premier brevet a été déposé en 1991. Il suffisait d’une urgence, d’une crise mondiale, pour pousser ce système d’administration de médicaments sur le marché. Bien sûr, il s’agissait d’un scénario extraordinaire. En général, ça peut prendre de très nombreuses années avant de mettre un produit thérapeutique sur le marché. Bien que le domaine soit dominé par les nanoparticules destinées au traitement du cancer, on peut s’attendre à voir à l’avenir davantage de nanoparticules développées pour vectoriser des principes actifs pour traiter d’autres maladies. Mais il reste encore de nombreux défis qui ne seront relevés que grâce à une approche holistique associant des équipes interdisciplinaires qui incluent des chercheurs de tous les domaines, mais aussi les industriels, les organismes gouvernementaux et l'utilisateur final.

En tant qu’ambassadrice des sciences chimiques du CNRS, qu’attendez-vous le plus de votre tournée de conférences en France ?

Mes attentes sont multiples. D’abord, c’est avec joie que je vais rendre visite à mes nombreux collègues français avec qui je suis en contact depuis de nombreuses années. J’ai hâte de les rencontrer et leur rendre visite dans leur propre laboratoire et université. J’ai également eu la chance d’accueillir plusieurs postdoctorants français au cours des dernières années. Ils ont désormais leur propre poste académique, pour certains en France, et je me réjouis de les y retrouver. Je suis également avide de parler recherche avec mes différents hôtes et leurs étudiants et, qui sait, mettre en place de nouveaux échanges et collaborations.

Détails de la tournée de conférences:

  • 27/11/2023 - Paris - Patrice Castignolles - Institut parisien de chimie moléculaire
  • 28/11/2023 - Paris-Saclay - Julien Nicolas - Institut Galien Paris-Saclay
  • 29/11/2023 -  Lyon - Muriel Lansalot - Laboratoire Catalyse, Polymérisation, Procédés et Matériaux (CP2M) et Julien Bernard, Laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères (IMP)
  • 30/11/2023 - Marseilles -  Didier Gigmes - Institut de chimie radicalaire
  • 1/12/2023 -  Montpellier -  Patrick Lacroix-Desmazes - Institut Charles Gerhardt Montpellier
  • 4/12/2023 -  Pau -  Maud Save - Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l'environnement et les matériaux
  • 6/12/2023 -  Toulouse -  Mathias Destarac - laboratoire Softmat - Chimie des colloïdes, polymères & assemblages complexes
  • 7/12/2023 -  Bordeaux -  Sébastien Lecommandoux - Laboratoire de chimie des polymères organiques
  • 8/12/2023 -  Paris -  Renaud Nicoläy - laboratoire Chimie moléculaire, macromoléculaire, matériaux

Contact

Communication CNRS Chimie