Jean-Philip Piquemal distingué par l’Honorary Award de France Quantum 2025
Jean-Philip Piquemal, directeur du Laboratoire de chimie théorique, a reçu l’Honorary Award de France Quantum. Le chercheur nous présente ses travaux, à la frontière entre la chimie quantique et la dynamique moléculaire, et leurs applications dans le domaine médical, qui lui ont valu ce prix.
Parmi les premières applications de l’informatique quantique, on retrouve la finance, par exemple pour la gestion de portefeuilles ou la détection de fraudes… mais aussi, de manière plus inattendue, la chimie. « De même que les prévisions météo s’appuient sur des modélisations complexes, la chimie se numérise de plus en plus », constate Jean-Philip Piquemal. « L’informatique nous permet de développer des simulations de plus en plus fidèles aux synthèses réalisées en laboratoire. »
Le directeur du Laboratoire de chimie théorique1 mène des recherches à la frontière entre la chimie quantique et la dynamique moléculaire. L’objectif : résoudre des équations de la physique quantique pour prédire la structure et les propriétés d’une molécule. Ce nouveau champ de la chimie est particulièrement scruté dans le monde médical. « La chimie quantique permet d’accélérer la découverte de nouveaux médicaments, en synthétisant des molécules grâce à des calculs toujours plus rapides et précis. Cela explique l’intérêt croissant des industriels », remarque Jean-Philip Piquemal. Le chercheur a d’ailleurs joint le geste à la parole, en fondant une start-up en parallèle de ses activités académiques. Qubit Pharmaceuticals, lancée en 2020, emploie aujourd’hui une cinquantaine de personnes.
C’est pour ses travaux, qui visent à adapter les codes de calcul aux nouveaux ordinateurs et à préparer les prochaines étapes de l’informatique pour la chimie, que Jean-Philip Piquemal vient de recevoir l’Honorary Award de France Quantum. La distinction, remise à l’occasion de ce rendez-vous de l’écosystème quantique en France, récompense « un parcours qui allie excellence académique, entrepreneuriat technologique et vision stratégique à l’échelle internationale ».
« C’est la première fois qu’un chimiste reçoit ce prix », savoure le chercheur. Par le passé, les lauréats ont surtout compté des physiciens, comme Alain Aspect, professeur à l’Institut d’optique Graduate School et à l’Ecole polytechnique, et des informaticiens, telles qu’Eleni Diamanti, chercheuse CNRS au LIP62 . Deux prédécesseurs prestigieux, puisque le premier a ensuite reçu le prix Nobel de physique en 2022, tandis que la seconde a été distinguée par la médaille d’argent et la médaille de l’innovation du CNRS en 2024.
Comment Jean-Philip Piquemal envisage-t-il la suite ? « Nous allons continuer à renforcer notre activité en informatique quantique avec mon équipe, notamment en demandant de nouveaux financements européens », sourit le chercheur. Et de mentionner le rôle-clé joué par l’obtention d’une bourse ERC Synergy3 dans ses travaux. Ce financement de 10 millions d’euros, obtenu en 2019 avec des collègues en mathématiques appliquées, a été un véritable coup d’accélérateur.
La distinction reçue par le chercheur permet dans tous les cas de replacer la chimie au cœur des enjeux quantiques, alors que 2025 a été proclamée l’Année internationale des sciences et technologies quantiques (IYQ) par les Nations Unies.
Rédacteur : CD