Jannick Duchet-Rumeau, des idées neuves sur les plastiques de demain

Développement durable Entretiens

Contrôler les propriétés des plastiques, faciliter leur recyclage en fin de vie et concevoir davantage de polymères respectueux de l’environnement, tels sont les leitmotivs de Jannick Duchet-Rumeau. Directrice du laboratoire IMP (CNRS/INSA Lyon/Université Claude Bernard/Université Jean Monnet), elle poursuit ses travaux et gère ses équipes avec le même souci de contribuer au bien commun.

« Je me suis intéressée aux polymères, ces macromolécules qui composent les plastiques, car ce sont des matériaux incroyablement versatiles que l’on retrouve partout : emballages, textiles, voitures, téléphones, batteries… S’ils ont connu un énorme engouement depuis les années 70, il faut à présent prendre du recul et réduire leur impact environnemental. » Jannick Duchet-Rumeau, professeure à l’INSA Lyon et directrice du Laboratoire ingénierie des matériaux polymères (IMP, CNRS/INSA Lyon/Université Claude Bernard/Université Jean Monnet), s’est ainsi emparée des questions de développement durable liées à sa discipline, tout en étant à la tête d’un laboratoire de plus de deux cents personnes.

« J’ai commencé mes études par une filière courte et très appliquée, avant de finalement entrer en école d’ingénieur et de poursuivre jusqu’en thèse, décrit Jannick Duchet-Rumeau. Ce parcours m’aide à manager des gens très différents, du scientifique le plus spécialisé au personnel d’appui à la recherche. Mon parcours me conduit naturellement à construire des ponts avec les industriels, dont les problématiques économiques et sociétales nous challengent en recherche fondamentale. »

Sur le plan de sa recherche, elle étudie les relations entre la structure nanométrique des matériaux et leurs propriétés. Il peut s’agir de contrôler leurs performances mécaniques, leur adhésion, leur durabilité ou encore leur dégradabilité en fin de vie. Ses travaux concernent principalement la chimie des polymères composites.

Par exemple, Jannick Duchet-Rumeau a récemment travaillé sur des revêtements pour kayaks, dans le cadre des Jeux olympiques de 2024. « Nous avons conçu des revêtements de polymères super hydrophobes qui se fixent sur la coque, précise la chercheuse. Ils réduisent l’accroche de l’eau et l’embarcation glisse alors mieux sur la surface. » Elle a aussi étudié la structuration interne des emballages, de manière à récupérer plus aisément leur contenu. Cela permet à la fois de limiter le gaspillage, par exemple en aidant à extraire la fin d’une bouteille de shampoing, et de simplifier le recyclage en facilitant le lavage des plastiques usagés.

Elle privilégie l’ingénierie de briques élémentaires biosourcées et biodégradables, aux liaisons réversibles qui permettent de dégrader le matériau de manière contrôlée, comme sous certaines conditions de température ou d’acidité. Il est même parfois possible de récupérer les briques élémentaires pour fabriquer un nouveau matériau neuf, notamment dans le domaine des textiles. Une grande maîtrise des phénomènes physico-chimiques est nécessaire pour développer ces propriétés sans impacter les performances à l’usage des matériaux. Ce qui est justement ce que Jannick Duchet-Rumeau a su cultiver tout au long de sa carrière. Une vision durable des choses !

Martin Koppe

Contact

Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC