Des microstructures 3D aux propriétés de surface « vivantes »

Résultats scientifiques

Ingénierie tissulaire, microrobotique, photonique…Autant de domaines où la micro-impression 3D offre de nombreuses possibilités. Les objets fabriqués par ce procédé possèdent cependant des propriétés de surface difficilement modulables. Des chercheurs de l’IS2M (CNRS/Université de Haute Alsace) proposent une stratégie basée sur la polymérisation radicalaire contrôlée pour modifier à façon et simplement, via la lumière, les propriétés de surface d’un micro-objet 3D. Ces résultats sont parus dans la revue Advanced Functional Materials.

La micro-impression 3D par photopolymérisation a connu un essor important ces dernières années grâce à la commercialisation d’imprimantes de plus en plus performantes. Ces équipements scientifiques de haute précision rendent possible le prototypage rapide de structures 3D complexes aux échelles nano- à millimétriques. Malgré ces prouesses technologiques, les micro-objets élaborés présentent cependant des propriétés de surface difficilement modifiables puisque fixées par le type de résine polymère utilisée pour les fabriquer. Pourtant, décorer la surface d’un micro-objet par des motifs géométriques nanométriques ou encore guider l’ancrage cellulaire à certains endroits uniquement d’un micro-objet biocompatible sont des exemples qui montrent qu’un tel contrôle serait souhaitable. C’est chose faite grâce à une nouvelle stratégie de post-fonctionnalisation de ces micro-objets développée par des chercheurs de l’Institut de Science des Matériaux de Mulhouse (CNRS/Université de Haute Alsace) et qui utilise des macro-photoamorceurs synthétisés par polymérisation radicalaire contrôlée.

Contrairement à une photopolymérisation classique où les chaines polymères formées sont dites « mortes », les chercheurs ont utilisés des chaines polymères dites « vivantes » et donc disponibles pour réamorcer une réaction de photopolymérisation à partir de la surface de l’objet. Cette stratégie permet d’introduire de façon successive sur l’objet plusieurs monomères aux propriétés distinctes, telles que l’adhésion ou la non-adhésion cellulaire, la mouillabilité ou non, la rigidité ou au contraire la flexibilité, la conductivité ou l’isolation électrique ou thermique etc. L’utilisation d’une source de lumière focalisée permet qui plus est de localiser précisément ces modifications sur la surface de l’objet. Cette nouvelle approche qui couple micro-impression 3D et ingénierie macromoléculaire permet un contrôle spatio-temporel sans précédent des modifications chimiques et physico-chimiques des objets obtenus, leur conférant un caractère 4D.

© IS2M – Q. Bauerlin & A. Spangenberg

Référence

On-demand Editing of Surface Properties of Microstructures Made By 3D Direct Laser Writing via Photo-mediated RAFT polymerization

Xingyu Wu, Bryan Gross, Benjamin Leuschel, Karine Mougin, Sébastien Dominici, Simon Gree, Mehdi Belqat, Vitalii Tkachenko, Benjamin Cabannes-Boué, Abraham Chemtob, Julien Poly, Arnaud Spangenberg, Advanced Functional Materials 22 Décembre 2021.


DOI: 10.1002/adfm.202109446

Contact

Arnaud Spangenberg
Chercheur à l’Institut de science des matériaux de Mulhouse (CNRS/Université de Haute Alsace)
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS