herbeuval
Microscopie d'une cellule pDC en présence de VIH. La cellule pDC est constituée d'un très gros noyau (bleu) et entouré par des granules contenant des interférons (vert). La cellule pDC vient de détecter les virus de VIH (rouge) conduisant à la libération © Nikaia Smith

Dépression, allergies : comment ces maladies diminuent nos défenses immunitaires et favorisent les infections virales

Résultats scientifiques Vivant et santé Molécules

Les interférons (IFN) sont des molécules antivirales et antitumorales naturellement produites dans le corps pour se défendre vis-à-vis des pathogènes et des cancers. Sentinelles de l’immunité, les cellules dendritiques plasmacytoïdes (ou pDC) sont des globules blancs très rares. Ils sont capables, lorsqu’ils détectent une infection, de déverser dans le sang de grandes quantités d’interféron. Mais à long terme, cette arme peut se retourner contre le système immunitaire et l’épuiser. Ainsi, une activation prolongée des pDC se révèle délétère dans le cas du sida ou de la sclérose en plaque. Il est donc important que leur activité soit finement modulée. Or, des chercheurs viennent de découvrir que la production d’interféron par les cellules pDC peut être bloquée par de petites molécules appelées amines, connues par ailleurs comme neuromédiateurs1 (sérotonine, dopamine, histamine…). Le lien observé depuis plus de 50 ans entre certaines maladies (comme les allergies, la dépression) et une sensibilité accrue aux infections vient donc de trouver une explication à l’échelle cellulaire et moléculaire.

Ces travaux pourraient aussi déboucher sur la mise au point d’analogues de neuromédiateur(1)s pour freiner l’activité des cellules pDC dans les maladies auto-immunes et les infections chroniques. Ces recherches, menées par l’équipe CBMIT du Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques (CNRS/Université Paris Descartes), en collaboration avec la laboratoire Toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire (Inserm/Université Paris Descartes), le Francis Crick Institute (Royaume-Uni) et l’université d’Ulm (Allemagne), sont publiées le 9 février 2017 dans la revue Nature Communications.


(1) Un neuromédiateur est une molécule qui assure la transmission des messages nerveux d'un neurone à l'autre, au niveau des synapses. Certains ont aussi d’autres fonctions. Ainsi, l’histamine est libérée par certains globules blancs lors des réactions allergiques.

Référence

Natural amines inhibit activation of human plasmacytoid dendritic cells through CXCR4 engagement
Nikaïa Smith, Nicolas Pietrancosta, Sophia Davidson, Jacques Dutrieux, Lise Chauveau, Pasquale Cutolo, Michel Dy, Daniel Scott-Algara, Bénédicte Manoury, Onofrio Zirafi, Isabelle McCort-Tranchepain, Thierry Durroux, Françoise Bachelerie, Olivier Schwartz, Jan Münch, Andreas Wack, Sébastien Nisole, Jean-Philippe Herbeuval.
Nature Communications, 9 février 2017. DOI : 10.1038/NCOMMS14253

Contact

INSB Communication
INSB
Sophie Félix
Chargée de communication
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC