CNRS Chimie a démarré son étude de prospectives scientifiques

En 2023, CNRS Chimie a initié une vaste étude visant à préparer sa prospective scientifique et alimenter sa réflexion sur l'évolution de la chimie à l'horizon 2030. Il s'agit d'un exercice collectif et ouvert, s'appuyant largement sur l'ensemble de la communauté des chimistes français. Jacques Maddaluno, Directeur de CNRS Chimie, et François Ozanam, Directeur de recherche au CNRS et pilote de l'étude de prospectives, présentent cette initiative.

Pourquoi initier aujourd’hui cette étude des prospectives en chimie ?

Jacques Maddaluno : L’effort de prospectives s’inscrit dans le cadre d’une réflexion globale menée par le CNRS sur la stratégie scientifique de ses instituts. Dans le cas de CNRS Chimie, le principal objectif est de dégager les grandes directions, domaines ou sujets sur lesquels les équipes de chimistes de nos laboratoires, et de ceux de nos partenaires institutionnels et industriels, devraient se positionner ou se renforcer à l’avenir. Les conclusions nous seront utiles pour éclairer certains des choix que l’institut doit opérer en matière de moyens financiers ou humains. Cette démarche permettra aussi de placer la communication de l'Institut en cohérence avec sa stratégie scientifique. D'autres instituts ont déjà lancé ou mènent régulièrement des efforts prospectifs dans leur domaine, en étroite collaboration avec les équipes des laboratoires. En 2024, c'est au tour de la Chimie de mettre en place son action, inspirée bien sûr des autres expériences accumulées au CNRS.

François Ozanam :  Le travail de prospective qui m'a été confié se déroulera dans un esprit ouvert et collectif, en s'appuyant sur l'ensemble de la communauté des chimistes français. L'objectif est de recueillir tous les points de vue et diagnostics pertinents sur les grandes tendances émergentes dans les divers domaines de la recherche en chimie. L'originalité de cette initiative par CNRS Chimie réside dans son approche globale, se distinguant ainsi des nombreux exercices similaires, tant en France qu'à l'international, qui se concentrent sur des aspects spécifiques de la chimie.

Comment structurer un tel effort global de prospective ?

François Ozanam : L’étude de prospectives, démarrée en septembre 2023, est structurée autour de huit groupes thématiques. De la synthèse à la chimie théorique en passant par les nouveaux matériaux et leur éco-conception, ces groupes ont des spectres larges, qui se recouvrent partiellement. Ce choix est assumé. Certains aspects seront donc envisagés par plusieurs groupes, selon des approches différentes susceptibles de s’enrichir mutuellement. Ceci devrait permettre de mettre en lumière les aspects incontournables de chaque domaine spécifique de recherche. Chacun des huit groupes, désormais constitués, est dirigé par deux experts du domaine.

Le travail collectif de prospectives au sein des groupes thématiques se poursuivra tout au long du printemps. Chaque groupe a été formé à l'initiative de ses deux copilotes, intégrant des experts de divers horizons. En collaboration avec le reste de la communauté, ils utilisent diverses outils - ateliers, webinaires, auditions, appels ciblés à contributions, questionnaires… - pour identifier les grandes tendances, domaines ou sujets de recherche sur lesquels les chimistes français devraient se positionner ou se renforcer d'ici la prochaine décennie.

Des membres volontaires des sections du Comité National de la Recherche Scientifique, ainsi que du Conseil Scientifique de l'Institut, ont été invités à faire partie de ces groupes.

Quelles retombées peut-on attendre d’un tel exercice ?

Jacques Maddaluno : Nous anticipons que la principale bénéficiaire de cet exercice sera la communauté elle-même, qui y trouvera peut-être l’occasion d’orienter ses recherches dans des directions qu’elle n’aurait pas nécessairement imaginées, et dans le contexte de thématiques considérées comme prioritaires et émergentes.

En tant que Directeur de CNRS Chimie, j'attends beaucoup de cet exercice. Il devrait permettre à l'Institut de s'appuyer de manière plus objective sur la communauté pour étendre sa mission de pilotage et de soutien à la recherche en chimie. Cette démarche nous offrira aussi l'opportunité de contribuer aux définitions des thématiques prioritaires des agences de financement de la recherche.

Enfin, la visibilité et la légitimité de nos recherches auprès du public le plus général réclament que nous sachions présenter de manière accessible les efforts déployés et les orientations futures que la chimie compte prendre pour répondre aux grands défis sociétaux.

François Ozanam : Dans cette optique, les huit groupes thématiques ont été invités à préparer un rapport de prospectives dans leur domaine d'ici la fin du printemps. Au sein de CNRS Chimie, nous rassemblerons ces rapports pour en créer un document global, qui sera ensuite examiné et enrichi par des experts internationaux. Ce rapport sera accompagné d'un résumé succinct de moins de dix pages, présentant de manière claire et accessible les résultats de l'étude de prospectives, afin d'être lu et partagé par un large public. L'ouverture reste le mot d'ordre de cet exercice, tant pendant que après sa réalisation. L'objectif est de mettre en lumière de manière percutante les orientations que la recherche en chimie compte prendre au CNRS pour relever les grands défis de la prochaine décennie. Un colloque est prévu au début de l'année 2025 pour présenter ce travail de manière étendue.

Il reste désormais à mobiliser l'ensemble de la communauté dans ce voyage au cœur de la chimie de demain. À cette fin, des listes de diffusion ont été mises en place, offrant à toute personne intéressée la possibilité de suivre l'avancement du travail d'un ou plusieurs groupes thématiques. Les pilotes de chaque groupe sont également disponibles pour toute personne désireuse de s'impliquer de manière plus concrète dans la prospective d'une thématique spécifique.

Inscription aux listes de diffusion des groupes thématiques

Contact

François Ozanam
Délégué scientifique - CNRS Chimie
Communication CNRS Chimie