CNRS Chimie accueille Philippe Schmitt-Kopplin en tant qu'Ambassadeur CNRS des sciences chimiques
Le 16 septembre 2025, Philippe Schmitt-Kopplin débutera une série de conférences dans plusieurs laboratoires français du CNRS en tant qu'Ambassadeur CNRS des sciences chimiques en France1 . Directeur de l’unité de recherche Analytical BioGeoChemistry au Helmholtz Munich et de la Comprehensive Foodomics Platform à l’Institut de chimie analytique des aliments de l’Université technique de Munich (TUM) en Allemagne, il est spécialiste de métabolomique. Plus précisément, il combine la spectrométrie de masse à (ultra)haute résolution, les sciences de la (micro)séparation, la spectroscopie RMN, la chimiométrie et la (bio)informatique pour décrire au niveau moléculaire les systèmes organiques complexes issus de l’organisme ou de l’environnement. Ses travaux l’ont conduit à s’intéresser aux origines de la vie en étudiant les environnements prébiotiques à l’échelle moléculaire, et il participe à plusieurs missions de retour d’échantillons au sein des équipes analytiques de la NASA et de la JAXA.
- 1En 2019, l Institut de chimie du CNRS a initié le programme « Ambassadeurs des sciences chimiques en France ». Son ambition ? Permettre à de prestigieux chercheurs étrangers de visiter une série de laboratoires français actifs dans leur domaine. Ces visites comprennent non seulement des conférences de haut niveau par l ambassadeur, mais sont également une occasion d établir des contacts préliminaires et de favoriser des collaborations internationales pour les laboratoires français visités.
Des efforts considérables se focalisent sur la cartographie chimique à haute résolution des biofluides humains dans le but de découvrir de nouveaux métabolites bioactifs. Pouvez-vous nous en dire plus sur les travaux menés par votre équipe dans ce domaine ?
Notre équipe développe et à applique des technologies de pointe issues de la métabolomique, comme la spectrométrie de masse FTICR-MS et la spectroscopie RMN, afin de cartographier avec une très haute résolution la chimie des biofluides humains. L’idée est de révéler des signatures moléculaires jusque-là invisibles, qui témoignent des interactions complexes entre nos cellules, notre microbiome et notre environnement. Nous avons par exemple pu identifier des molécules caractéristiques de certaines bactéries dans le cadre de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Ces travaux montrent à quel point notre microbiome, influencé par l’alimentation, le mode de vie ou encore le lieu de résidence, participe activement à la régulation de notre système immunitaire et l’apparition de maladies liées à l’environnement comme les allergies ou l’asthme.
En étudiant la chimie des fluides biologiques comme l’urine, le sang ou encore le condensat d’air expiré, nous cherchons à repérer des marqueurs précoces de maladies, bien avant l’apparition de symptômes cliniques. Cette approche ouvre la voie à une médecine plus prédictive et personnalisée où il serait possible d’intervenir plus tôt et de manière plus ciblée. En parallèle, nous explorons comment certaines molécules issues de l’alimentation, des probiotiques ou des épices pourraient influencer positivement cette chimie et contribuer à la prévention de pathologies. En somme, nos recherches visent à relier la dynamique métabolique à la santé humaine et à transformer ces connaissances en outils concrets pour la médecine de demain.
Quels sont les progrès à venir dans ce domaine au cours des prochaines années ?
Les prochaines années en recherche biomédicale seront marquées par la réunion de technologies analytiques de très haute précision et d’outils d’intelligence artificielle. Grâce à la spectrométrie de masse FTICR-MS et à la spectroscopie RMN, nous sommes déjà capables d’analyser simultanément des milliers de métabolites dans des centaines d’échantillons, avec une rapidité et une fiabilité exceptionnelles. La comparabilité des données, assurée par des contrôles qualité standardisés, permet de relier les résultats de différentes études sur plusieurs années et d’obtenir ainsi une vision fiable de l’évolution des processus métaboliques. L’IA jouera un rôle de plus en plus central dans ces recherches en rendant possible l’exploration de ces ensembles massifs de données et en facilitant la détection de biomarqueurs subtils, notamment dans les études d’association pangénomiques. Cette approche ouvre des perspectives inédites pour anticiper et diagnostiquer précocement des maladies complexes.
Par ailleurs, un autre champ de recherche particulièrement prometteur concerne l’étude des réactions chimiques non enzymatiques comme les réactions de Maillard qui se produisent dans l’organisme de manière comparable à la cuisson. Ces processus peuvent générer des sous-produits impliqués dans le diabète, les maladies neurodégénératives, cardiovasculaires ou encore les inflammations chroniques. En décoder précisément les mécanismes nous permettrait non seulement de mieux comprendre l’origine de ces pathologies, mais aussi de concevoir de nouvelles stratégies de prévention et d’intervention ciblées. Ces avancées devraient transformer la manière dont nous abordons la médecine personnalisée dans les années à venir.
En tant qu'ambassadeur des sciences chimiques en France, avez-vous des attentes particulières pour cette tournée ?
Rencontrer les collègues et leurs étudiants, les générations de futurs chercheurs dans leur lieu de travail et entamer des discussions sur nos recherches communes, pour voir comment l’expertise de mon équipe peut contribuer avec faire avancer de nouveaux projets phares permettant d´explorer les limites de nos connaissances avec nos outils d´ultrahaute résolution dont nous disposons.
Rédacteur : CCdM
Calendrier des conférences de Philippe Schmitt-Kopplin
- 16/09/2025 – Rouen – Institut CARMEN (contact : Carlos Afonso)
- 18/09/2025 – Poitiers – Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (contact : Pauline Poinot)
- 01/12/2025 – Paris – Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie (contact : Laurent Remusat)
- 05/12/2025 – Strasbourg – Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (contact : Dimitri Heintz)
- 08/12/2025 – Nice – Institut de chimie de Nice (contact : Cornelia Meinert)
- 09/12/2025 – Marseille – Physique des interactions ioniques et moléculaires (contact : Grégoire Danger)
- 11/12/2025 – Bordeaux – Institut de chimie et de biologie des membranes et des nanoobjets (contact : Caroline Tokarski)
- 12/12/2025 – Toulouse – Laboratoire SOFMAT (contact : Alexandra Ter Halle)