Chimie du vivant : une approche analytique innovante basée sur la RMN

Résultats scientifiques

Des scientifiques du laboratoire CEISAM (Chimie et interdisciplinarité : synthèse, analyse, modélisation - Nantes Université/CNRS) ont mis au point une nouvelle approche pour l’étude d’échantillons biologiques par résonance magnétique nucléaire (RMN). Cette avancée en chimie analytique, qui ouvre de nombreuses perspectives en médecine personnalisée ou pour l’industrie agroalimentaire, viennent d’être publiés dans la revue Angewandte Chemie International Edition.

La spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (RMN) est un outil analytique d’une précision exceptionnelle capable de détecter et de quantifier des dizaines voire des centaines de petites molécules présentes dans des échantillons d’intérêt biologique, tels que les biofluides (sang, urine…), les extraits de cellules ou de plantes… Basée sur les propriétés magnétiques du noyau des atomes, la RMN est l’une des deux principales approches analytiques pour la démarche métabolomique qui vise à obtenir une cartographie la plus précise et la plus large possible des petites molécules impliquées dans la chimie du vivant.

Toutefois, cette spectroscopie est confrontée à une limite importante : elle n’est pas capable de détecter les signaux des molécules lorsqu’elles sont trop diluées, ce qui est souvent le cas dans les échantillons biologiques. Ceci est encore plus vrai dans le cas de la spectroscopie RMN du carbone 13, technique indispensable à la caractérisation de la structure des molécules. Jusqu’à aujourd’hui, cette technique ne pouvait pas être utilisée en raison de sa sensibilité encore plus limitée que celle du proton.

L’équipe de chimie analytique du laboratoire Chimie et Interdisciplinarité : Synthèse, Analyse, Modélisation (Chimie et Interdisciplinarité : Synthèse, Analyse, Modélisation - Nantes Université/CNRS) est parvenue à lever ce verrou. Pour cela, elle a mis au point une approche basée sur la polarisation dynamique nucléaire qui permet d’obtenir des signatures spectrales d’échantillons biologiques par spectroscopie RMN du carbone 13, malgré la faible abondance naturelle de ce noyau. Pour la première fois, des spectres ont pu être obtenus sur des échantillons d’urine révélant des signatures spectrales extrêmement riches. Les chercheurs ont montré que cette nouvelle approche pouvait déterminer avec une très bonne précision la concentration de métabolites jusque-ici difficilement quantifiables avec les approches de RMN classiques.

Ces résultats, récemment publiés dans la revue Angewandte Chemie International Edition, ouvrent de nombreuses perspectives dans des domaines très variés comme la médecine personnalisée, l’étude du métabolisme humain, cellulaire, bactérien ou végétal et l’industrie agroalimentaire.

Rédacteur: AVR

© Patrick Giraudeau

Référence

Hyperpolarized 13C NMR Spectroscopy of Urine Samples at Natural Abundance by Quantitative Dissolution Dynamic Nuclear Polarization
Victor Ribay, Arnab Dey, Benoît Charrier, Clément Praud, Joris Mandral, Jean-Nicolas Dumez, Marine P. M. Letertre & Patrick Giraudeau
Angewandte Chemie International Edition 2023
https://doi.org/10.1002/anie.202302110

Contact

Patrick Giraudeau
Enseignant chercheur au laboratoire Chimie et Interdisciplinarité : Synthèse, Analyse, Modélisation) CNRS/Nantes Université
Julien Patron
Chargé de communication Recherche, Nantes Université
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS