Chimie organométallique : Didier Bourissou reçoit le prix Schlenk

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Didier Bourissou, directeur de recherche CNRS au Laboratoire hétérochimie fondamentale et appliquée, a obtenu le prix Schlenk, remis par l’université allemande de Tübingen et la société BASF. Il distingue ainsi une carrière en chimie organométallique à la recherche de nouveaux catalyseurs.

C’est une récompense phare dans le monde de la chimie organométallique. Didier Bourissou, directeur de recherche CNRS au Laboratoire hétérochimie fondamentale et appliquée (LHFA, CNRS/Université de Toulouse (EPE)) a reçu le prix Schlenk de l’Université Tübingen (Allemagne) «en reconnaissance de ses contributions exceptionnelles au domaine de la chimie organométallique impliquant des ligands ambiphiles ou non innocents».

Didier Bourissou a étudié à l’École normale supérieure de Paris et a été reçu à l’agrégation de sciences physiques option chimie en 1995. Il a ensuite obtenu sa thèse au Laboratoire de chimie de coordination (LCC, CNRS). Après un passage dans un laboratoire de l’École polytechnique, Didier Bourissou est recruté au LHFA, où il créera l’équipe Ligands bifonctionnels et polymères biodégradables. Il dirigera même le laboratoire de 2011 à 2020.

«Avec mon équipe, nous sommes sur une approche exploratoire assez en amont, dont les principales applications sont orientées vers la catalyse, explique Didier Bourissou. Nous développons une boîte à outils pour la chimie organométallique, car certains métaux et transformations n’ont pas encore été regardés.» Il a notamment travaillé sur la chimie de l’or, un élément longtemps considéré comme inutile pour la chimie organométallique, car trop peu réactif.

Parmi les autres contributions de Didier Bourissou, il a commencé sa carrière en concevant les ligands ambiphiles, qui combinent des sites riches et pauvres en électrons. Leur coordination sur des centres métalliques conduit à des complexes moléculaires possédant des structures et des réactivités inédites.

Le chercheur s’intéresse également aux ligands non innocents, c’est-à-dire qui sont chimiquement actifs. «Ces ligands sont très puissants en catalyse homogène, mais encore sous-exploités et la variété de structures est encore très limitée, poursuit Didier Bourissou. Le champ des possibles est encore très large.» Son équipe travaille aussi sur des polymères biodégradables pour des applications en pharmacologie et en microélectronique. Elle développe de nouveaux monomères fonctionnalisés afin d’obtenir et ajuster «à façon» des matériaux biodégradables. Ces travaux ont notamment été menés avec des partenaires industriels tels qu’Ipsen Pharma, Arkema ou Sanofi.

C’est donc un large champ de recherche que vient récompenser le prix Schlenk. «Cette distinction me fait évidemment extrêmement plaisir, s’enthousiasme Didier Bourissou. Je m’identifie à son message porté sur la compréhension approfondie des mécanismes, car quand nous développons notre boîte à outils, nous voulons savoir comment ils fonctionnent et ce qu’ils apportent par rapport à l’état de l’art. Le prix comprend également une dimension humaine importante qui m’a touché, car Wilhelm Schlenk (1879-1943) s’était opposé aux thèses nazies et a perdu pour cela son poste à Berlin. J’ai eu l’occasion de rencontrer cinq de ses descendants.»

Ce prix vient grossir la liste de ceux déjà reçus par Didier Bourissou, tels que le prix Claviel Lespiau de l’Académie des Sciences (2006), la médaille d’argent du CNRS (2016) et le prix Le Bel de la Société chimique de France (SCF) (2025).

Rédacteur : MK

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