Médaille de bronze 2025 : Aurélien de la Torre, chimiste en quête de formes inédites

Distinctions

Aurélien de la Torre, chargé de recherche CNRS à l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay (ICMMO), explore les limites de la synthèse organique en concevant des molécules chirales tridimensionnelles aux architectures inédites. Il est récompensé par la médaille de bronze du CNRS.

Ce qui attire Aurélien de la Torre, c’est la complexité. Plus une molécule est difficile à fabriquer, plus le défi l’intéresse. Ce goût du casse-tête se marie à merveille avec les enjeux de la synthèse totale, sa spécialité depuis sa thèse réalisée à l’université de Montpellier. Après deux post-doctorats en Autriche et en Israël, il entre au CNRS en 2018 au sein de l’ICMMO1

Deux axes s’entremêlent alors dans ses travaux : la synthèse totale de produits naturels et le développement de méthodes de synthèse pour fabriquer des molécules chirales tout en contrôlant la chiralité. « En pratique, la synthèse totale s’attaque à la fabrication de produits difficiles à extraire de la nature. L’enjeu est donc d’inventer une recette efficace pour les fabriquer », précise-t-il. La lucidumone en est un bon exemple. Cette molécule chirale aux effets anti-inflammatoires, générée par un champignon, a été produite par l’équipe d’Aurélien de la Torre en quantité 1 000 fois supérieure à celle obtenue par extraction. Pour gagner en efficacité, le chercheur mise notamment sur des réactions en cascade qui combinent plusieurs étapes d’un seul geste. Un travail mêlant réflexion, créativité et intuition.

  • 1Unité CNRS/Université Paris Saclay
La sérendipité fait aussi partie du jeu. Cela me plaît de tomber sur des résultats inattendus et de parvenir à les expliquer.
Aurélien de la Torre, Chercheur CNRS à l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay

Avec son projet ERC Consolidator CUBIC1 , Aurélien de la Torre s’attaque désormais à une frontière encore inexplorée : la synthèse de cubanes chiraux. Ces molécules, tendues et tridimensionnelles, pourraient remplacer certaines structures planes de médicaments, comme le benzène, tout en offrant une meilleure solubilité ou stabilité. Mais les fabriquer tout en contrôlant leur chiralité reste un défi que personne n’a encore relevé. Pour le chimiste, c’est l’occasion d’ouvrir un nouveau champ des possibles.

  • 1CUBIC - Chiral bUilding Blocks with bRidged or Caged polyclic structures
J’aime m’attaquer à la synthèse de molécules d’intérêt biologique, mais c’est surtout leur complexité esthétique qui me stimule.
Aurélien de la Torre, Chercheur CNRS à l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay

Contact

Communication CNRS Chimie