CNRS Chimie accueille Ru-Shi Liu en tant qu'Ambassadeur CNRS des sciences chimiques

Des efforts considérables se focalisent sur la conception et la synthèse de nouveaux matériaux pour l'énergie et l'optoélectronique. Pouvez-vous nous en dire plus sur les travaux menés par votre équipe dans ce domaine?

Les recherches de mon équipe se situent à l’interface de plusieurs domaines de la chimie. Nous nous intéressons tout d’abord aux principes fondamentaux et aux mécanismes de la chimie des matériaux en développant de nouvelles synthèses ou formulations, de nouvelles méthodes d’analyse, pour nous orienter vers une grande variété d’applications. 

Nous explorons également plusieurs voies de conversion de la lumière. Conversion en lumière tout d’abord, avec le développement de matériaux fluorescents et de formules pour les diodes électroluminescentes blanches et les écrans de téléphones portables. Conversion en électricité, avec des matériaux pour la séparation de l'eau, pour les piles à combustible, les batteries secondaires lithium-ion et les batteries métal-air. Mais aussi en chaleur, en imaginant de nouveaux nanomatériaux pour la photothermie et la thérapie photodynamique destinés au domaine biomédical.

Nous prospectons également de nouveaux matériaux tels que les phosphores et les points quantiques pour les diodes électroluminescentes et les batteries lithium-ion tout solide.

Pour tous nos travaux très fondamentaux qui concernent la lumière, notre objectif est de valoriser nos résultats de recherches fondamentales par des applications dans de multiples domaines comme l'optoélectronique, l'énergie et la biomédecine. Et de leur trouver des développements industriels, autant que faire se peut.

Quels sont les progrès à venir dans ce domaine au cours des prochaines années ?

Pour n’en citer que quelques-uns, je pense que nous verrons apparaître de nouveaux matériaux plus optimisés pour cette photoconversion de la lumière (notamment lumière-lumière, lumière-électricité et lumière-chaleur), augmentant ainsi leur efficacité rendant l’énergie produite plus attractive et compétitive.

Réduire la dépendance aux combustibles fossiles restera encore longtemps d’actualité. On peut donc s’attendre à voir émerger de nouvelles technologies de production d’énergie renouvelable telles que les batteries lithium-ion à semi-conducteurs et les batteries métal-air qui permettront également de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Transformer les résultats de la recherche en applications pratiques et promouvoir le développement innovant dans les domaines de l’optoélectronique, de l’énergie, des technologies biomédicales et d’autres domaines me semble également incontournable.

Enfin, pour atteindre ces objectifs, les recherches dans ce domaine, comme dans d’autres, devront veiller à préserver le développement durable, l’environnement et l’énergie de la planète, en concevant des matériaux verts et des technologies de recyclage performantes (cycle de vie).

En tant qu'ambassadeur des sciences chimiques en France, avez-vous des attentes particulières pour cette tournée ?

Je suis impatient de débuter cette tournée de conférences qui va me permettre d’échanger de manière approfondie avec des scientifiques de divers domaines et de mettre en place de nouvelles collaborations interdisciplinaires. Je viens pour communiquer et partager les résultats de recherche et les connaissances techniques de mon équipe, avec comme objectif ultime la transformation de ces résultats en innovations technologiques rapidement utilisables. 

Grâce à ce séjour, je vais pouvoir élargir mon réseau de collègues, mieux comprendre les avancées technologiques les plus prometteuses pour pouvoir mieux explorer, ensemble, les pistes de recherche susceptibles d'avoir un impact positif sur l'environnement, la société et l'économie.  

J'espère enfin que chacun d’entre nous aura le courage de sortir de sa zone de confort, moyen le plus efficace pour travailler ensemble à promouvoir une recherche scientifique innovante et apporter des changements sociétaux positifs à Taïwan, en France et pourquoi pas dans le monde entier.

Rédacteur : CCdM