© Laurent Ardhuin

Aurélien de la TorreChercheur à l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay (CNRS/Université Paris-Saclay)

Consolidator Grant
Médaille de bronze du CNRS

Aurélien de la Torre a étudié à l’ENSCM (promo 2011), puis effectué un doctorat à l’Université de Montpellier sur la synthèse totale d’oxylipines de type isofuranoïdes sous la direction des Drs. Camille Oger et Jean-Marie Galano (obtenu en 2014). Il a ensuite effectué un postdoctorat à l’université de Vienne (Autriche) dans le groupe du Pr. Nuno Maulide, où il a étudié la réactivité des amides, des ynamides et la synthèse totale de la quinine. Après un second postdoctorat au Technion (Israël) dans le groupe du Pr. Ilan Marek, centré autour de nouvelles approches stéréosélective impliquant l’ouverture de cyclopropanes, il a été recruté Chargé de Recherche CNRS à l’ICMMO en décembre 2018. La recherche d’Aurélien se situe à mi-chemin entre nouvelles méthodologies de synthèse organique et synthèse totale de produits naturels, avec des intérêts particuliers pour la synthèse asymétrique et les réactions en cascade.

CUBIC - Chiral bUilding Blocks with bRidged or Caged polyclic structures

« Les candidats-médicaments doivent avoir une plus haute proportion de Csp3 par rapport aux Csp2 et Csp et un plus grand nombre de centres stéréogènes ». C’est l’essence du message de Frank Lovering dans son article « Escape from Flatland » publié en 2009, et qui a induit en changement de paradigme dans la conception de médicaments. Au cours des 15 dernières années, les chimistes organiciens ont développé un ensemble de méthodes pour la synthèse de composés polycycliques pontés comportant une plus grande proportion de Csp3, avec notamment l’émergence de nouveau bioiosostères des cycles aromatiques. Bien que la recherche des dernières années aie permis de répondre à la première recommandation (d’avantage de Csp3), la seconde recommandation (d’avantage de centres stéréogènes) reste à ce jour non résolue car la chimie organique manque de méthodes permettant de contrôler des centres stéréogènes dans la synthèse de molécules polycycliques pontées. Ce projet vise à développer de nouvelles méthodes de synthèse impliquant diverses cycloadditions énantiosélectives et réactions en cascade pour résoudre ce problème.

Aurélien de la Torre, médaillé d'argent 2025

Au sein de l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay (ICMMO)1 , Aurélien de la Torre est à la chimie ce qu’un chef étoilé est à la gastronomie. Il invente des recettes de synthèse totale, une discipline qui consiste à fabriquer de A à Z des molécules naturelles particulièrement complexes. Sa cible : les molécules chirales, ces structures asymétriques qu’on ne peut pas superposer à leur image dans un miroir plan. Il a notamment réussi à synthétiser de la lucidumone, une molécule chirale aux effets anti-inflammatoires produite par un champignon, avec une efficacité mille fois supérieure à celle de la méthode d’extraction. Avec son projet ERC Consolidator CUBIC2 , il s’attaque désormais à un pari jamais relevé : synthétiser des cubanes, des architectures tridimensionnelles complexes, tout en contrôlant leur chiralité. Ces molécules, envisagées pour la conception de médicaments, posent avant tout un défi fondamental, autant intellectuel que technique, comme Aurélien de la Torre les aime.

  • 1Unité CNRS/Université Paris Saclay
  • 2CUBIC - Chiral bUilding Blocks with bRidged or Caged polyclic structures