Médaille de bronze 2025 : Nicolas Martin, le vivant à portée de goutte
Construire pour comprendre : tel est le moteur de Nicolas Martin. Formé à l’ESPCI Paris, il se passionne pour la matière molle et l’interdisciplinarité. Pendant sa thèse en chimie à l’ENS Paris, il explore les assemblages bio-inspirés — des structures de matière molle conçues en laboratoire pour reproduire certaines propriétés du vivant. Puis, au cours de son post-doctorat à l’université de Bristol, il s’attaque à un nouveau défi : construire des cellules artificielles. Un domaine qu’il continue de développer depuis son recrutement au CNRS en 2018.
Sa spécialité ? La conception de compartiments sans membrane, appelés coacervats. Ces microgouttelettes sont formées par séparation de phase liquide-liquide dans l’eau. « C’est un modèle idéal pour étudier comment des molécules inanimées s'auto-organisent pour former un système qu'on pourrait considérer vivant », souligne-t-il. Afin d’explorer cette frontière entre chimie et biologie, il articule ses travaux en trois axes visant à contrôler la dynamique des coacervats, y initier des réactions chimiques et structurer des compartiments hétérogènes.
Et son approche a été couronnée de succès ! Nicolas Martin est notamment parvenu à former et dissoudre des coacervats sous l’effet de la lumière ou encore à déclencher en leur sein des réactions jusque-là peu favorables en solution libre — comme la polymérisation d’oligonucléotides en ADN. Plus récemment, il a reconstitué des voies métaboliques complexes en piégeant des bactéries dans des coacervats.
Son prochain défi : combiner ces trois dimensions dans un même système. Il espère ainsi se rapprocher un peu plus de la complexité du vivant et creuser cette grande question : où commence réellement la vie ?