Médaille d'argent 2025 : Laurence Croguennec, une chercheuse passionnée par les matériaux pour les batteries du futur
Directrice de recherche CNRS et directrice adjointe de l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux (ICMCB), Laurence Croguennec est une spécialiste de la cristallochimie et des matériaux pour batteries. Elle reçoit la médaille d’argent 2025 du CNRS pour ses travaux de recherche sur les matériaux d’électrodes positives des batteries lithium-ion et post lithium-ion.
Depuis sa thèse à l’Institut des matériaux à Nantes1 jusqu’à son poste actuel à l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux2 , Laurence Croguennec a bâti un parcours d’excellence dans le monde des matériaux pour batteries, domaine qu’elle ne quittera plus et dans lequel elle s’est imposée comme une experte de renommée mondiale.
Sa spécialité : la cristallochimie, une discipline qui consiste à établir la relation entre composition, structure et propriétés des matériaux. En combinant les techniques de diffractions, spectroscopies et microscopies, elle s’attache à comprendre les structures atomiques et électroniques des matériaux, et plus particulièrement les défauts, souvent déterminants pour la performance des batteries. Cette connaissance intime et fine des matériaux permet de les optimiser pour contrôler les propriétés des batteries : autonomie, sécurité et durée de vie.
Même si les batteries lithium-ion dominent déjà le marché, Laurence Croguennec poursuit ses travaux sur le développement de nouvelles générations de batteries lithium-ion, à plus haute densité d’énergie et basées sur l’utilisation d’éléments non critiques. Elle mène aussi depuis plusieurs années des recherches sur des alternatives au lithium plus durables, comme les technologies sodium-ion et plus récemment potassium-ion. Moins dépendantes des ressources critiques, les batteries sodium-ion sont très prometteuses pour des applications requérant forte puissance, charge rapide et sécurité, par exemple le transport, les réseaux ou encore les centres de stockage de données. Laurence Croguennec est co-inventrice d’un matériau d’électrode positive pour batteries sodium-ion, aujourd’hui exploité par la société Tiamat dans les Hauts-de-France : « Il ne s’agit pas d’opposer les technologies lithium, sodium ou potassium, mais de les positionner où chaque technologie a du sens pour répondre aux besoins de notre société : transport, électronique portable, stockage des énergies renouvelables, etc. », précise-t-elle.
Aujourd’hui, ses recherches s’élargissent à une technologie prometteuse mais qui reste en devenir, celle des batteries tout solide, annoncée à termes avec une autonomie supérieure et une sécurité accrue, mais aussi au développement de nouveaux procédés de synthèse et de recyclage des matériaux de batteries, économes en ressources et en énergie.
Un autre aspect de son travail auquel elle tient particulièrement : la formation. Transmettre par la recherche, encadrer des doctorants et les voir évoluer vers des carrières scientifiques est pour elle une grande source de motivation : « La passion, c’est ce qui m’anime au quotidien. Comprendre le matériau à toutes ses échelles pour mieux répondre aux enjeux des transitions énergétique, c’est ce que je partage avec chaque jeune chercheur.e que j’accompagne. »