Identification de la mutation génétique d’une protéine à l’origine d’une perte de l’audition

Résultats scientifiques

Des scientifiques ont identifié une modification génétique de la protéine NLRP3, dont le rôle est de détecter et de lutter contre l’infection des cellules, à l’origine d’un dysfonctionnement entrainant une perte de l’audition chez tous les patients porteurs de cette mutation.

 

Un grand nombre de maladies génétiques rares sont associées à un défaut d’activation, ou à l’inverse une sur-activation de nos cellules immunitaires. Au cours des dernières années, l’étude de ces dysfonctionnements a largement contribué mieux comprendre les mécanismes mis en jeu par notre système immunitaire.

Parmi ces maladies, certaines sont liées à des modifications génétiques à l’intérieur de la protéine de notre système immunitaire NLRP3 dont le rôle est de détecter et de lutter contre l’infection des cellules. En temps normal, lorsque NLRP3 détecte un signal de danger, il déclenche la production de cytokines impliquées dans la destruction des agents pathogènes.

Aujourd’hui, la grande majorité des mutations identifiées de NLRP3 se situe toujours dans la même région appelée NACHT. Elles induisent systématiquement une maladie extrêmement rare appelée cryopyrinopathie (CAPS). Les patients présentent des symptômes inflammatoires incluant la sphère oculaire, des douleurs articulaires, une neuro-inflammation pouvant s’exprimer sous forme d’une méningite chronique ou surdité, et de manière presque systématique des lésions cutanées type urticaire déclenchée par un environnement froid.

Dans le cadre d’une collaboration européenne, des équipes du Laboratoire de chimie et de biochimie pharmacologiques et toxicologiques et du CHU Tenon (AP-HP / Sorbonne Université) ont identifié la même mutation dans une toute autre région de NLRP3 appelée LRR, conduisant à une autre forme de CAPS. Leur étude montre que, comparés aux patients présentant une mutation génétique dans la région NACHT, les patients dont la région LRR est touchée sont beaucoup moins nombreux à présenter des troubles cutanés. En revanche, ils présentent tous une perte d’audition qui ne concernait que 2/3 des patients présentant une région NACHT déficiente.

La mise en évidence de cette mutation dans le domaine LRR va permettre de mieux comprendre le rôle de NLRP3 dans la perte de l’audition, d’affiner le diagnostic de CAPS, ouvrant la voie à une approche personnalisée du traitement des CAPS en fonction de leur mutation.

Rédacteur : CCdM

rodero
© Mathieu Rodero

 

Référence

Antoine Fayand et al.
Pathogenic variants in the NLRP3 LRR domain at position 861 are responsible for a boost-dependent atypical CAPS phenotype
J. Allergy Clin. Immunol. 2023

https://www.jacionline.org/article/S0091-6749(23)00926-0/fulltext

Contact

Mathieu Rodero
Chercheur au Laboratoire de chimie et biochimie pharmacologiques et toxicologiques (CNRS/Université Paris Cité)
Sophie Georgin-Lavialle
Enseignante-chercheuse au CHU Tenon (AP-HP / Sorbonne Université)
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Samy Kolli
Chargé de communication à l'Institut de chimie du CNRS
Anne-Valérie Ruzette
Chargée scientifique pour la communication - Institut de chimie du CNRS
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC