Covid-19 : mettre à profit notre expertise sur l’analyse de l’air pour traquer le virus

COVID-19 Entretiens Vivant et santé

En pleine crise sanitaire, l’IRCELYON, Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement de Lyon (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1) se réinvente. Entre confinement et plan de continuité de l’activité, les chercheurs réfléchissent à transposer leur expertise en chimie de l’atmosphère et qualité de l’air à la lutte contre le virus. Leur idée : tester un protocole pour détecter le virus SARS-CoV-2 par l’analyse de l’air expiré par les malades.

Mars 2020. La pandémie de Covid-19 est au cœur de l’actualité. Le confinement se dessine. L’IRCELYON, Institut de recherches sur la catalyse et l’environnement de Lyon (CNRS/ Université Claude Bernard Lyon 1) se prépare à cette éventualité. « Une semaine avant l’annonce officielle du confinement, nous commencions déjà à nous préparer à fermer le laboratoire » nous confie sa directrice, Catherine Pinel. « Le CNRS nous a demandé un plan de continuité d’activité. J’ai commencé à alerter les équipes pour qu’elles ne lancent pas de nouvelles expériences ». Puis la décision est tombée. Pour endiguer la pandémie, la France sera confinée, pour deux semaines au moins. Le laboratoire est en effervescence. C’est la course folle pour mettre en sécurité toutes les manipulations, mettre à l’arrêt les flux de gaz, l’électricité, les gros équipements. « J’ai attendu une importante livraison puis… j’ai fermé le laboratoire jusqu’à nouvel ordre » raconte Catherine Pinel. L’organisation quotidienne est chamboulée. Les services informatiques sont au maximum de leur activité pour ouvrir en parallèle toutes les connexions indispensables au télétravail des deux cent agents de l’institut, loin de leurs paillasses.

Pour Christian George, directeur de recherche CNRS et directeur adjoint de l’IRCELYON, le choc du confinement a finalement laissé la place à une pause bénéfique. «  Nous avons pu prendre du temps pour réfléchir à la manière de transposer nos compétences en recherche sur les analyses de qualité de l’air (ambiant et intérieur) à la maladie du SRAS-CoV-2. Et une idée s’est imposée comme une évidence ». Alors que l’équipe CARE, spécialiste des mesures atmosphériques, collabore déjà avec le Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI) pour une étude de l’impact sanitaire des particules ultrafines sur les fonctions respiratoires, une nouvelle idée germe : serait-il possible de détecter le SRAS-CoV-2 par l’analyse directe des composés organiques volatils (COvs) dans l’air expiré par les malades ? Très vite, le contact est pris avec Bruno Lina, professeur de virologie, chef d’équipe au CIRI et membre du conseil scientifique COVID-19. Un programme de recherche est lancé, soutenu par l’État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Europe, avec l’ambition de tester une méthode de diagnostic du SRAS-CoV-2 « Notre ambition est de développer un protocole qui soit reproductible, précis, quantitatif par la mesure des Cov, pour une réponse en ligne, c’est à dire immédiate » explique Christian George. En un temps record, les tests commencent auprès des malades à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. « Un des premiers centres à être impactés par la pandémie à cause du cluster de Savoie » précise Christian George. « Travailler au sein du service réanimation, auprès des malades plongés dans le coma, n’a pas été facile. Mais les personnels hospitaliers ont joué le jeu, malgré le stress, la fatigue. Et nous avons pu réaliser nos analyses, non invasives, en récupérant puis analysant en direct des portions des flux d’air expirés par les patients ». Aujourd’hui, la collecte de données se poursuit.  Les informations déjà recueillies sont en cours de traitement par une équipe de l’Institut des Sciences Analytiques (ISA). Les chercheurs espèrent tous identifier très bientôt les biotraceurs de la maladie .

Se retournant sur ces derniers mois, Christian George confie : « Cette crise sanitaire nous a poussés, scientifiques et institutionnels, à plus d’agilité, de réactivité, d’inventivité. Elle a instauré un climat de confiance propice à la recherche. Et elle a suscité de très fructueux échanges entre nos équipes et les médecins et biologistes en milieu hospitalier. De nouveaux sujets de recherche se dessinent pour détecter d’autres maladies comme le cancer, la légionellose . C’est tout un nouveau champ expérimental de recherche qui s’ouvre ».

Cécile Dupuch

Pour en savoir plus : lire l'article de CNRS Le Journal : Détecter le Covid-19 au bout du souffle

Les chercheurs d'Ircelyon à pied d’œuvre à l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon afin de diagnostiquer le COVID-19 © Matthieu Riva (chercheur à l'IRCELYON)
Christian George (directeur adjoint de l'IRCELYON) et Catherine Pinel (directrice de l'IRCELYON) © droits réservés

Contact

Catherine Pinel
INSTITUT DE RECHERCHES SUR LA CATALYSE ET L'ENVIRONNEMENT DE LYON (IRCELYON)
Christian George
Chercheur à IRCELYON (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1)
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS