Des anticancéreux délivrés in vitro grâce à des polymères dégradables

Résultats scientifiques Polymères Vivant et santé

Comment mieux transporter et délivrer les principes actifs anticancéreux au niveau des cellules malades ? Des chercheurs de l’Institut Galien Paris-Sud (IGPS, CNRS/Université Paris-Sud/Paris-Saclay) ont mis au point une stratégie innovante permettant de coupler des molécules anticancéreuses à des polymères dégradables. En ajustant les propriétés physico-chimiques de ces prodrogues, les chercheurs sont parvenus à moduler la libération du principe actif et donc l’activité anticancéreuse in vitro. Ces travaux, publiés dans Chemical Science, ouvrent la voie à une nouvelle famille de vecteurs de principes actifs, comme alternative aux nanoparticules traditionnelles.

Dans le traitement des maladies graves comme le cancer, les nanoparticules qui transportent les principes actifs jusqu’aux cellules malades sont prometteuses. Ces nanoparticules polymères qui encapsulent les molécules anticancéreuses peuvent malheureusement les libérer de façon prématurée et non contrôlée, induisant des effets secondaires néfastes. A la recherche de nouveaux matériaux polymères pour des applications biomédicales, des chercheurs de l’Institut Galien Paris-Sud (IGPS, CNRS/Université Paris-Sud/Paris-Saclay) ont trouvé une alternative sérieuse pour remédier à ces limitations en utilisant des polymères vinyliques dégradables, qui sont des matériaux prometteurs alliant dégradation et facilité de synthèse et de fonctionnalisation. En faisant croître ces polymères de manière contrôlée à partir de principes actifs anticancéreux, préalablement transformés en amorceurs de polymérisation, ils ont créé une liaison covalente entre le principe actif et le polymère. Le principe actif n’est alors libéré qu’une fois sa liaison avec le polymère rompue, évitant ainsi un relargage précoce et non-contrôlé. Et c’est là que se situe le point fort de cette nouvelle stratégie puisque les chercheurs parviennent à moduler, in vitro, la libération du principe actif (et donc l’activité anticancéreuse de ces prodrogues) en faisant varier la nature de la liaison et les paramètres structuraux du polymère. Cette approche permet également une plus grande polyvalence en termes d’utilisation car ces prodrogues peuvent être formulées soit sous forme de nanoparticules en suspension quand elles sont synthétisées avec des monomères hydrophobes, soit directement solubilisées dans l’eau avec des monomères hydrophiles

Les chercheurs pensent que cette nouvelle stratégie de vectorisation médicamenteuse, qui représente une alternative potentielle aux nanoparticules traditionnelles où le principe actif est simplement encapsulé, peut permettre de délivrer de façon plus efficace d’autres principes actifs anticancéreux et a le potentiel de s’adapter à d’autres pathologies.

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Représentation schématique des deux familles de prodrogues polymères dégradables (hydrophobes ou hydrophiles) obtenues à partir de principes actifs anticancéreux agissant en tant qu’amorceurs de polymérisation. © Julien NICOLAS

Référence

Elise Guégain, Johanna Tran, Quentin Deguettes et Julien Nicolas. Degradable polymer prodrugs with adjustable activity from drug-initiated radical ring-opening copolymerization. Chemical Science, Volume 9, 13 September 2018, Pages 8291–8306.

Contact

Julien Nicolas
Chercheur à l'Institut Galien Paris-Saclay (CNRS/Université Paris-Saclay)
Stéphanie Younès
Responsable Communication - Institut de chimie du CNRS
Sophie Félix
Chargée de communication
Christophe Cartier dit Moulin
Chercheur à l'Institut parisien de chimie moléculaire & Chargé de mission pour la communication scientifique de l'INC